Article Libre circulation des biens en Afrique de l’Ouest : ce qu’il faut savoir

Le commerce transfrontalier désigne les échanges de biens et de services entre deux ou plusieurs pays partageant une frontière commune. En Afrique de l’Ouest, ces échanges jouent un rôle fondamental dans la dynamique économique régionale. Mais pour qu’ils soient réellement efficaces, ils doivent s’appuyer sur un principe central : la libre circulation des biens. Découvrez ici tout ce qu’il faut savoir sur ce concept clé et son instrument principal, le Schéma de Libéralisation des Échanges (SLE) de la CEDEAO.

 

Qu’est-ce que la libre circulation des biens ?

 

La libre circulation des biens en Afrique de l’Ouest désigne le droit, pour les produits (produits, fabriqués ou transformés dans un pays membre de la CEDEAO) de circuler sans entrave à l’intérieur de l’espace communautaire. Concrètement, cela signifie que ces produits peuvent être importés, exportés ou vendus dans un autre pays membre sans payer de droits de douane, sans quotas et sans obstacles non tarifaires injustifiés.

 

Ce principe est un pilier stratégique du développement économique régional. Il vise à construire un marché ouest-africain intégré, fluide et compétitif, au bénéfice des États membres et des populations.

 

Le Schéma de Libéralisation des Échanges (SLE) : catalyseur de la libre circulation

 

Mis en œuvre depuis 1979, le SLE de la CEDEAO est l’un des instruments phares de l’intégration régionale. Il a pour objectif de supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires entre les pays membres, afin de faciliter la libre circulation des produits dits "d’origine communautaire".

Les biens concernés par ce schéma doivent répondre à des critères précis : être entièrement obtenus localement (comme les produits agricoles), transformés industriellement avec au moins 60 % de valeur ajoutée régionale, ou fabriqués de manière artisanale au sein de l’espace CEDEAO. Pour profiter du régime préférentiel du SLE, ces produits doivent obligatoirement être enregistrés et certifiés.

 

AOCTAH : un acteur clé dans la mise en œuvre du SLE

L’Association Ouest Africaine du Commerce Transfrontalier des produits Alimentaires, agro-sylvo-pastoraux et Halieutiques (AOCTAH) joue un rôle important dans l’application du SLE sur le terrain. Regroupant les organisations professionnelles des Etats de l’Afrique de l’Ouest, du Tchad et de la Mauritanie, l’AOCTAH agit comme interface entre les commerçants transfrontaliers et les institutions régionales.

 

L’AOCTAH travaille à sensibiliser les acteurs économiques, en particulier les femmes et les jeunes commerçants, sur leurs droits dans le cadre du SLE. A travers son initiative dite Opération Fluidité Routière, l’AOCTAH les accompagne dans les procédures d’enregistrement des produits, tout en menant un plaidoyer actif auprès des autorités douanières et les autres forces de contrôle pour une application uniforme et équitable des règles de libre circulation.

 

L’AOCTAH contribue ainsi à rendre les textes régionaux plus accessibles, plus compréhensibles et plus efficaces dans la réalité quotidienne des échanges.

 

 

Une ambition commune pour l’Afrique de l’Ouest

La libre circulation des biens dépasse les enjeux purement commerciaux. Elle représente une vision partagée d’intégration régionale, de solidarité économique et de développement inclusif. En renforçant le commerce intrarégional, en réduisant les coûts et les obstacles, elle offre aux populations notamment aux petits commerçants aux femmes et aux jeunes entrepreneures de vraies opportunités d’autonomisation et de prospérité.

Pour qu’elle devienne une réalité pleinement vécue, il est essentiel que chaque acteur (institutions, États, commerçants et société civile) s’approprie et défende ce droit commun. Car c’est ensemble que nous bâtirons une Afrique de l’Ouest plus forte, plus unie, et plus résiliente.

 

« Lorsqu’on enlève les barrières entre les pays, on construit des ponts entre les peuples. »